Bulletin n°12 Décembre 2017
- Du coté des autorités. La loi de financement de la sécurité sociale et en son sein, l’obligation vaccinale, a été définitivement adoptée et confirmée par le Conseil Constitutionnel. Les décrets d’application devraient suivre dans les prochaines semaines. Après des années de solitude, l’arrivée du nouvel exécutif et notamment de la Ministre de la Santé, a changé la donne pour les vaccinateurs. Non seulement, les différentes agences de santé sont plus réactives, mais les médias (du Monde à l’Express en passant par le Parisien et BFM…) ont changé de ton et de paradigme, remettant les anti-vaccinaux à la place qu’ils n’auraient jamais dû quitter ! Le Monde du 31 décembre 2017 souligne bien l’importance de la mesure « Comment la France est passée de trois à onze vaccins obligatoires » et les efforts de communication et de coordination que devront réaliser tous les acteurs de santé (dont InfoVac) cette année. Dans cette démarche nous vous conseillons la lecture de plusieurs documents :
- Le premier à ne pas manquer, est une analyse critique par une équipe de scientifiques (Lien 1) d’un article de l’équipe de Gherardi qui tente de montrer que chez l’animal (en l’occurrence la souris), l’aluminium des vaccins est susceptible d’avoir des effets délétères sur le cerveau. Cette analyse souligne les nombreux biais méthodologiques de l’étude ainsi que les incohérences et les approximations statistiques soulignant la fragilité des résultats même chez l’animal…On y apprend aussi « la proximité intellectuelle et financière de Gherardi avec l’association E3M qui n’est pas un gage d’indépendance lorsqu’il s’agit de se prononcer sur l’origine d’une maladie qui est une certitude pour ceux qui financent les travaux » et que ces études sont co-financées par d’autres mouvements anti-vaccinaux internationaux.
- Le second, de l’INSERM (Lien 2), intitulé « Que dit la science à propos des 11 vaccins qui seront obligatoires en France en 2018 pour tous les enfants ? » confirme les preuves scientifiques de l’efficacité et de l’innocuité de ces vaccins.
- Enfin une conférence de presse organisée par l’université Paris-Descartes, en présence du Pr Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine, co-découvreuse du virus du SIDA, et de 2 professeurs au Collège de France (Philippe Sansonetti et Alain Fischer) qui a réaffirmé l’importance, l’efficacité et l’innocuité des vaccins et notamment de ceux inclus dans l’obligation vaccinale (Lien 3).
- Pour votre information : L’épidémie de grippe bat son plein en France. Contrairement à l’hémisphère sud où H3N2 était prédominant, c’est H1N1 (PDM 2009) qui domine, laissant espérer une bonne efficacité du vaccin.
- Du côté des produits : Des ruptures et des difficultés d’approvisionnement diverses persistent, en cliquant sur ce Lien ou en allant sur notre site, vous aurez une vision de la situation au jour le jour. Dans le contexte de pénurie en VPP 23, la HAS viens de redéfinir les populations prioritaires pour ce vaccin dans un délai minimal de 8 semaines après la dose de VPC 13 sont : les enfants à risque élevé d’IP, les populations à risque élevé d’IP non antérieurement vaccinées (Lien 5).
- En réponse à vos questions.
Un patient greffé du rein, sous immunosuppresseur, a été vacciné en Juin 2017 en Australie contre la grippe. Le vaccin étant cette année le même que dans l’hémisphère nord, puis-je ne pas le re-vacciner maintenant ? Non !!! La durée de protection des vaccins inactivés contre la grippe n’est que de quelques mois. Ce patient étant immunodéprimé, il est probable que l’immunogénicité soit moindre…
Une auxilliaire de puériculture travaillant en crèche est suspecte de coqueluche bien qu’elle ait été vaccinée, il y a 6 ans, par un dTPca. Ce diagnostic est-il envisageable ? En attendant les résultats, doit-on traiter par antibiotiques les nourrissons de 5 à 10 mois dont elle s’occupait et qui ont tous reçu 2 doses d’Héxavalent ? La réponse à votre première question est OUI. La durée de protection avec les vaccins acellulaires est probablement moins longue que celle obtenue avec les vaccins entiers (Guiso N, Vaccine 2017) et le diagnostic de coqueluche est donc possible. La réponse à votre deuxième question est NON. On considère qu’après 2 doses, les enfants de moins de 1 an ne justifient pas de prophylaxie.
Toute l’équipe d’InfoVac vous présente ses meilleurs vœux pour l’année 2018 !
En allant sur le site vous aurez accès à de nombreux nouveaux documents concernant, L’obligation vaccinale en pratique quotidienne (Lien 6), les maladies prévenues par la vaccination et les vaccins obligatoires : Hexavalents (Lien 7), vaccin pneumocoque (Lien 8), ROR (Lien 9)
Robert Cohen, Véronique Dufour, François Vie le Sage, Pierre Bakhache, Pierre Bégué, Marie- Aliette Dommergues, Joël Gaudelus, Nicole Guérin, Hervé Haas, Isabelle Hau, Odile Launay, Didier Pinquier, Olivier Romain, Georges Thibault, Catherine Weil-Olivier, Claire-Anne Siegrist.
Bulletin n°11 Novembre 2017
- Du côté des autorités : Les députés ont voté sans modification en seconde lecture, après le passage au Sénat, le projet de loi qui étend l’obligation vaccinale. Au cours du débat, les propos de la ministre de la santé Agnès Buzyn ont été sans équivoque : « J’assume cette mesure de santé publique », déplorant le mauvais classement de la France pour les couvertures vaccinales parmi les pays de l’OCDE. Pour restaurer la confiance, elle a précisé qu’une grande campagne d’information grand public sera organisée en 2018 et que les médecins recevront des documents d’information dès janvier.
Les anti-vaccinaux de toutes obédiences font feu de tout bois sur le net et dans les médias avec une dernière recrue de choix s’associant à l’ineffable Professeur Joyeux : Luc Montagnier, co-prix Nobel pour la découverte du virus du SIDA en 1983. Ce dernier a voulu faire ressurgir un vieux serpent de mer :
« vaccin et mort subite du nourrisson », sujet pour lequel toutes les études ont montré l’absence de lien de causalité. Les académies ont réagi très rapidement à ces allégations par des communiqués de presse. Agnès Buzyn s’est également prononcée au parlement en faveur d’une vaste campagne de
vaccination contre le papillomavirus : « Il existe une prévention primaire, par la vaccination anti-HPV, et
de nombreux pays, notamment l’Angleterre et l’Australie, ont fait de grandes campagnes de vaccination. Ceci a permis une diminution de la prévalence du virus, de celle du cancer du col et des lésions du col utérin chez 60% des femmes en Australie… La question qui se pose donc à notre pays est une large campagne de vaccination contre le virus HPV, pour les filles comme pour les garçons. Cela permettrait d’une part de faire diminuer la prévalence du virus dans la population, et d’autre part de prévenir, chez les jeunes garçons homosexuels, le cancer du canal anal ainsi que les cancers ORL« .
Nous vous conseillons de lire et de faire lire à vos patients deux documents récents sur la vaccination :
- Le premier (Lien 1) de Santé Publique France, est un hors-série du BEH daté du 19 octobre intitulé
« Vaccination des jeunes enfants : des données pour mieux comprendre l’action publique ».
- Le second, destiné au grand public, est le dossier didactique de 20 pages de l’Express daté du 29 novembre, intitulé « La vérité sur les vaccins », tout à fait dans la lignée de celui des décodeurs du monde (Lien 2) et analysant bien les mouvements anti-vaccinaux Français (Lien 3).
- Pour votre information : Depuis février 2017, plusieurs pays en Europe et les USA observent une augmentation importante du nombre de cas d’hépatite A, touchant en particulier les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. En France, du 1er janvier au 31 octobre 2017, 2 980 cas d’hépatite A ont été déclarés – un nombre 4 fois supérieur au nombre de cas déclarés en 2016. Cette épidémie concerne majoritairement les hommes, qui représentent 79 % cas déclarés. Cette épidémie tombe particulièrement mal en période de pénurie de vaccin contre l’hépatite A.
Bien que quelques cas sporadiques soient rapportés en particulier chez l’enfant, notamment par le réseau PARI (AFPA-ACTIV) (Lien 4), il est encore temps de vacciner vos patients à risque contre la grippe (c’est possible jusqu’à fin janvier 2018). Le vaccin vivant nasal n’est pas disponible cette année.
- Du côté des produits : Des ruptures et des difficultés d’approvisionnement diverses persistent. En cliquant sur ce (Lien 5) ou en allant sur notre site, vous aurez une vision de la situation au jour le jour. Deux points particuliers à signaler :
- La disparition définitive en France du Rouvax®, vaccin monovalent contre la rougeole, recommandé en France, en cas de contage rougeole chez les enfants âgés de 6 à 9 mois. Pour ces enfants, le ROR était déjà recommandé dans de très nombreux pays et devient donc la seule alternative possible.
- Des retards ponctuels d’approvisionnement du Rotateq®, liés à la cyber-attaque mondiale d’il y a quelques semaines. Normalement, une dotation devrait arriver chez les grossistes fin novembre et une prochaine mi-décembre. En cas d’indisponibilité prolongée, une interchangeabilité avec le Rotarix® est possible : en effet, bien que les deux vaccins soient différents dans leur conception, une étude prospective récente (Libster R Pediatrics Janv 2016) montre que l’alternance des deux vaccins est bien tolérée et que la réponse immunitaire est non inférieure à celle d’un seul produit.
- En réponse à vos questions.
Une jeune fille de 14 ans a fait 1-2 vésicules de varicelle à l’âge de 4 semaines, 2 semaines après que son frère ait attrapé la varicelle. Est-ce que je devrais la vacciner ? ou faire d’abord une sérologie ? Il est classique que la varicelle des premiers mois soit très atténuée en raison de la présence des anticorps d’origine maternelle qui neutralisent l’essentiel de la charge virale. La stimulation immunitaire n’est donc pas très forte, notamment sur le plan cellulaire… une situation qui conduit non rarement à un zona de l’enfant. Il est donc parfaitement justifié de renforcer l’immunité par une vaccination (2 doses), sans sérologie avant ni après !
Robert Cohen, Véronique Dufour, François Vie le Sage, Georges Thibault, Pierre Bakhache, Pierre Bégué, Marie-Aliette Dommergues, Joël Gaudelus, Nicole Guérin, Hervé Haas, Isabelle Hau, Odile Launay, Didier Pinquier, Olivier Romain, Catherine Weil-Olivier, Claire-Anne Siegrist.
Bulletin n°10 Octobre 2017
- Du coté des autorités : L’Assemblée Nationale a voté le 28 octobre à une majorité écrasante (>90% !!!) le texte sur l’obligation vaccinale sans modification substantielle. Si aucune sanction financière ou pénale n’est prévue, l’entrée en collectivité, quel qu’en soit le type (crèche, école, colonies, centres de loisirs, autres collectivités) ne sera pas autorisée pour les enfants nés à partir du 1er Janvier 2018, non à jour des vaccinations relatives à leur âge à partir du 1er Juillet 2018. Aucune exemption ne sera autorisée sans une contre-indication médicale qui soit reconnue dans l’AMM des différents vaccins. InfoVac rappelle que ces contre-indications sont exceptionnelles et parfaitement identifiables:
- pour l’ensemble des vaccins : une hypersensibilité sévère à l’un des composants (ce qui en pratique est rarissime chez le petit enfant… et devrait être validé par des tests cutanés)
- pour les vaccins contenant la valence coquelucheuse : antécédent, lors d’une administration précédente, d’une encéphalopathie d’étiologie inconnue, survenue dans les 7 jours après vaccination… (l’occasion de rappeler qu’il s’agit d’une inscription historique, la valence coqueluche acellulaire n’augmentant aucunement le risque de complications neurologiques !)
- pour le ROR : les déficits immunitaires congénitaux ou acquis (qui ont souvent nécessité des hospitalisations et contre-indiquent parfois la collectivité).
Santé Publique France a publié mi-octobre deux documents intéressants à lire et à diffuser : le premier souligne et explique l’importance de la protection collective (Lien 1), le second fournit des données utiles pour mieux comprendre l’action publique du ministère de la santé (Lien 2).
Il est temps de vacciner vos patients à risque contre la grippe, d’autant que dans l’hémisphère sud, l’épidémie a été plus virulente que celles observées depuis de nombreuses années. Une souche H3N2 a frappé durement les personnes âgées de plus de 80 ans, une souche B (incluse uniquement dans les tétravalents) les enfants d’âge scolaire, et la souche H1N1 pandémique les enfants de moins de 5 ans. Il y avait pourtant une bonne concordance entre les vaccins et les souches en circulation. Ceci peut faire craindre une épidémie importante dans l’hémisphère nord… même si les experts ont appris à être prudents dans leurs prévisions sur les épidémies grippales. Toutes les questions que vous vous posez sur la vaccination grippale ont des réponses en cliquant sur le Lien 3.
Le vaccin vivant nasal ne sera toujours pas disponible en France cette année.
- Pour votre information : Pour soutenir et accompagner l’obligation vaccinale, InfoVac a refondé son site et y insère des documents sur les maladies et les vaccins destinés aux professionnels et aux parents : Diphtérie (Lien 4), Tétanos (Lien 5), Poliomyélite (Lien 6), Hexavalents (Lien 7). InfoVac vous propose également une affiche pour votre salle d’attente, témoignant de votre soutien à l’obligation vaccinale (Lien 8).
Décidemment les « scientifiques » servant de « références aux anti-vaccinaux » ont des ennuis avec les journaux scientifiques qui avaient publié leurs recherches. Après Wakefield (le père de la polémique sur autisme et ROR) dont l’article avait été retiré du Lancet pour falsification des résultats, voici qu’un cas similaire est mis à jour : des chercheurs de l’Université de Colombie-Britannique, dont Chris Shaw et Lucija Tomljenovic, ont été conduits à retirer du Journal of Inorganic Biochemistry leur article qui suggérait un lien entre l’aluminium des vaccins et l’autisme chez les souris… Motif : les données ont été délibérément manipulées avant publication et sont maintenant introuvables. Etonnant ???
- Du côté des produits : Des ruptures et des difficultés d’approvisionnement diverses persistent. En cliquant sur le lien 9 ou en allant sur le site Infovac.fr, vous aurez une vision de la situation au jour le jour.
- En réponse à vos questions. Je vois un enfant de 24 mois présentant une polykystose hépato- rénale. Ses vaccins classiques sont à jour. Faut-il lui faire d’autres vaccins ? Oui !!! Car il a malheureusement un risque d’insuffisance rénale et/ou hépatique nécessitant une greffe. Comme pour tous les patients dont la maladie chronique risque de s’aggraver, il faut élargir sa protection, tant que son immunité est normale, en le vaccinant contre la varicelle, l’hépatite A et les méningocoques.
Plusieurs mouvements anti-vaccinaux mettent en exergue le fait que le vaccin ROR a été interdit au Japon en raison de nombreux effets secondaires. Est-ce vrai ? Oui !!! En partie seulement. Il y a eu au Japon des effets secondaires (méningites lymphocytaires bénignes, convulsions fébriles) du vaccin ROR japonais, liés à la souche vaccinale oreillons Urabe – et c’est ce vaccin trivalent qui a été retiré. Ils utilisent depuis un vaccin combiné bivalent rougeole-rubéole sans vaccination ourlienne (site OMS). Cette vaccination y reste optionnelle et a pour conséquence une incidence notable de la maladie. Depuis 1994 (23 ans maintenant !) en France, comme dans l’ensemble des pays occidentaux, les vaccins ROR disponibles (MMR Vax Pro® et Priorix®) contiennent une souche ourlienne différente (Jerryl-Lynn) qui ne provoque pas ce type d’effets secondaires.
Robert Cohen, Véronique Dufour, Pierre Bégué, François Vie le Sage, Georges Thibault, Pierre Bakhache, Marie-Aliette Dommergues, Joël Gaudelus, Nicole Guérin, Hervé Haas, Isabelle Hau,
Bulletin n°8-9 Aout-Septembre 2017
- Du coté des autorités : La ministre de la santé et l’ensemble des autorités de santé montrent leur implication pour soutenir la vaccination et leur détermination à légiférer l’obligation vaccinale : le passage devant le parlement devrait avoir lieu fin octobre et l’obligation débuter en janvier 2018. Concernant les modalités d’applications, d’après les interviews et les rumeurs : pas de rétroactivité, pas d’exemption, sanctions limitées au refus d’entrée en collectivité. Bien que cela suscite le tollé des anti-vaccinaux, la manifestation contre l’obligation vaccinale du 8 septembre devant le ministère de la santé a rassemblé moins de 300 personnes. Une preuve supplémentaire de l’implication des autorités de santé est leur réaction rapide après la publication racoleuse dans le Parisien du 22 septembre, d’un dossier (vide) sur l’aluminium intitulé « Vaccins, le rapport qui dérange». En moins de 24 heures, l’ANSM et le ministère ont confirmé que le rapport bénéfices/risques des vaccins n’était pas remis en cause par les travaux du Pr Gherardi (toujours la même équipe, toujours chez l’animal, toujours franco- français…, Lien 1). Pour soutenir et accompagner l’obligation vaccinale, InfoVac a refondé son site et y insère, au fur et à mesure, des documents destinés aux professionnels de santé et aux patients. Deux fiches sont déjà en ligne : la première fait le point sur les effets indésirables des vaccins en général, et la seconde concerne l’impact des vaccins anti-pneumococciques conjugués (Lien 2 et Lien 3).
- Pour votre information : Les décodeurs du Monde ont publié un excellent dossier sur la vaccination destiné au grand public reprenant le rapport bénéfice / risque de chaque vaccin. A imprimer et à donner aux patients hésitants (Lien 4).
Les médecins vénézuéliens s’inquiètent du retour de la diphtérie, une maladie infectieuse très contagieuse disparue depuis 1992 dans le pays, en proie aujourd’hui à une pénurie de médicaments, de matériel médical et à l’effondrement de la couverture vaccinale. L’année dernière, plus de 300 cas ont été enregistrés avec une mortalité élevée. En Juin 2017, 86 cas étaient déjà recensés. Ceci confirme que toute baisse des couvertures vaccinales peut avoir des conséquences catastrophiques et aboutir à la résurgence de maladies que l’on croyait disparues, avec un risque accentué par les mouvements migratoires, y compris en Europe.
Deux décès par encéphalite rougeoleuse ont été rapportés cet été, en France et en Italie. Ils témoignent de la couverture vaccinale insuffisante du ROR (l’objectif de 95% pour les 2 doses n’étant pas atteint). Pour l’OMS Europe, la France fait partie des 6 pays européens (avec la Roumanie, la Pologne, l’Italie, la Belgique et l’Allemagne) dans lesquels des transmissions autochtones continuent (Lien sup).
Nous vous conseillons la lecture du Lancet (Huh September 5, 2017) où sont publiés les résultats d’une étude comparative Gardasil 9® versus Gardasil 4®, comportant plus de 14.000 patientes avec une durée de suivi de 6 ans. Le Gardasil 9® est aussi efficace sur les 4 valences de l’ancien vaccin et a une efficacité > 95 % pour les autres génotypes. La tolérance est identique dans les deux groupes. Pour compléter, nous vous suggérons aussi la lecture de la note de synthèse de l’OMS sur l’intérêt des vaccins HPV ainsi qu’une analyse rigoureuse des effets indésirables de ces vaccins (Lien 5 & Lien 6).
L’équipe d’InfoVac est triste de vous annoncer le décès de Philippe Reinert.
Il était non seulement un de vos experts InfoVac, mais aussi notre maître et notre ami.
- Du côté des produits : Des ruptures et des difficultés d’approvisionnement diverses persistent. En cliquant sur ce Lien 7 ou en allant sur le site Infovac, vous aurez une vision de la situation au jour le jour.
- En réponse à vos questions. Un enfant de 2 ans a été en contact avec une hépatite A confirmée, ces deux derniers jours, au sein de sa Que lui proposer dans le contexte de pénurie vaccinale? Cet enfant doit être vacciné rapidement, pour le protéger de la maladie et des contaminations secondaires. Vous avez deux options : l’adresser à une structure publique (centre de vaccination du voyageur ou hôpital), l’Havrix 720® étant disponible dans les collectivités, ou faire une ordonnance nominative à adresser directement par le pharmacien à GSK, ce qui permettra la délivrance d’une dose rapidement.
Lors de l’administration d’un Rotateq® chez un enfant de 3 mois (2ème dose) le bébé en a recraché une partie et a vomi 5 minutes après. Faut-il lui proposer une dose supplémentaire ? Non !!! L’AMM ne le recommande pas et l’efficacité de 2 doses est déjà aux environ de 90%, très proche des 3 doses.
Inscrivez-vous à la 21ème Journée de Pathologie Infectieuse Pédiatrique Ambulatoire (largement consacrée à la vaccinologie) qui aura lieu le 14 octobre à la Maison de la Chimie. Cliquez ici pour télécharger le programme et le bulletin d’inscription (Lien 8)
Robert Cohen, François Vie le Sage Georges Thibault, Pierre Bakhache, Pierre Bégué, Marie- Aliette Dommergues, Véronique Dufour, Joël Gaudelus, Nicole Guérin, Hervé Haas, Isabelle Hau,
Bulletin n°7 Juin 2017
- Pour votre information : Dans une interview au « Parisien », la ministre de la santé Agnès Buzyn a annoncé qu’elle s’orientait vers une obligation vaccinale transitoire pour tous les vaccins des deux premières années de vie déjà recommandés en Elle s’appuie sur les conclusions du rapport de la commission d’orientation de la concertation citoyenne et prend en compte l’avis du Conseil d’Etat mettant en demeure l’Etat de mettre à disposition dans les 6 mois les seuls vaccins obligatoires (DTP) (mission impossible car aucun n’est disponible), ou de modifier les obligations vaccinales soit en les supprimant soit en les étendant (ce qui suppose un vote du Parlement nouvellement élu). Sans surprise, cela a déclenché un tôlé du ban et arrière-ban des anti-vaccinaux de toute obédience (Joyeux, Rivasi, Institut Pour la Santé Naturelle…) et une réaction mitigée du Collège National des Généralistes Enseignants (on en a malheureusement l’habitude). Les Académies de médecine, de sciences associées à la quasi-totalité des sociétés savantes ont publié un communiqué de presse soutenant la prise de position de la ministre (Lien 1). Dans une pétition à l’initiative des Professeurs Grimaldi et Chast, lancée dans «Le Parisien» et reprise par Le Figaro, 200 médecins prennent également position en faveur de la vaccination obligatoire. Ils soutiennent le projet de la ministre de la Santé (Lien 2). Vous pouvez soutenir cette pétition en cliquant sur ce lien (Lien 3).
Quelle que soit la décision définitive des autorités, il va falloir communiquer, communiquer et encore communiquer pour convaincre les hésitants de l’importance des programmes vaccinaux à titre individuel et collectif et de l’excellent rapport bénéfice/risque des vaccins du calendrier vaccinal (recommandés ou obligatoires).
La production du Pneumo23® a été stoppée. Il sera remplacé dès le début de l’année 2018 par le Pneumovax® (vaccin polysaccharidique comportant les mêmes valences). Dès septembre, un vaccin en flacon devrait être disponible. En cliquant sur les liens 5 et 6 vous avez accès aux recommandations de la vaccination contre le pneumocoque chez l’adulte et chez l’enfant à risque. InfoVac rappelle : 1) Il n’y pas d’indication en population générale du Pneumo 23, même chez les plus de 65 ans – 2) Le délai de quelques mois de retard pour cette vaccination devrait être sans conséquence, surtout si ce vaccin a été précédé, comme cela est recommandé le plus souvent, d’un vaccin conjugué.
Le Trumemba®, deuxième vaccin contre le méningocoque B destiné aux adolescents, a obtenu une AMM Européenne fin mai 2017 (Lien 7).
- Du côté des produits : Des ruptures et/ou des difficultés d’approvisionnement diverses En cliquant sur ce lien ou en allant sur le site Infovac, vous aurez une vision complète de la situation au jour le jour.
- En réponse à vos questions :
Un de mes petits patients en phase de traitement d’entretien d’une leucémie lymphoblastique (donc encore lymphopénique et « fragile ») a une sœur qui n’a pas encore fait la varicelle. Doit-on les séparer quelques temps si je vaccine la petite sœur ? Non !!! Si quelques cas de transmissions à des enfants immunodéprimés ont été décrits, cela ne peut se faire que par les vésicules et non pas par voie respiratoire ou salivaire. Hors moins de 5 % des vaccinés ont quelques vésicules une dizaine de jours après le vaccin et principalement autour du point d’injection (il suffit de les recouvrir pour éviter la contagion). Donc on vaccine et si des vésicules sortent on les recouvre pendant quelques jours.
Peut-on pratiquer le même jour le ROR et le vaccin contre la fièvre jaune (VFJ) ? Oui ! Les règles classiques sont claires : deux vaccins viraux vivants peuvent être administrés le même jour ou à un mois d’écart. Il faut noter que 3 études suggèrent pour l’association concomitante VFJ-ROR une immunogénicité moindre (Nascimento Silva, Vaccine 2011 ;29 :6327, Clark, Lancet Global Health 2016 ;4 :e534, Goujon, Med Mal Infect 2017). Cependant, les conséquences cliniques de cette moindre immunogénicité n’ont jamais été rapportées et d’une part, pour le ROR, une 2ème dose est recommandée systématiquement (pour immuniser ceux qui ne l’avaient pas été avec la première dose) et d’autre part, pour le VFJ en France, une 2ème dose est aussi proposée lorsque la vaccination a été réalisée avant l’âge de 2 ans. L’intervalle d’un mois est basé sur des données théoriques : quand on vaccine avec un vaccin vivant, on induit, entre autre, une sécrétion d’interféron qui risque de neutraliser la réplication d’un deuxième virus vaccinal. Cependant, même si cette règle est rappelée dans les recommandations sanitaires aux voyageurs (BEH 2017, page 10), il est également précisé « qu’en cas de départ imminent en zone d’endémie amarile, les deux vaccins peuvent être administrés à n’importe quel intervalle ». Deux études récentes confirment qu’un délai plus court qu’un mois ne semblent pas altérer la réponse immunitaire (Michel Vaccines 2016 ;33 :2301, Goujon Med Mal Infect 2017). Que les deux vaccins soient administrés le même jour ou à quelques jours d’écart, l’important est de ne pas prendre le risque de laisser partir un enfant, en Afrique par exemple, sans être vacciné contre la fièvre jaune ou la rougeole.
Robert Cohen, Véronique Dufour, François Vie le Sage, Odile Launay, Pierre Bakhache, Pierre Bégué, Marie-Aliette Dommergues, Joël Gaudelus, Nicole Guérin,Isabelle Hau, Didier Pinquier, Philippe Reinert, Olivier Romain, Catherine Weil-Olivier, Claire-Anne Siegrist.
Bulletin n°6 Juin 2017
- Pour votre information : L’épidémie de rougeole se poursuit aux Etats-Unis et en Europe, particulièrement en France (Lien 1), en Allemagne et en Italie où la vaccination ROR fait d’ailleurs partie des 12 vaccins désormais obligatoires pour fréquenter une crèche ou une école maternelle.
Le film « Vaxxed » (Lien 2), soutenant la thèse d’un lien entre vaccination et autisme et prétendant que les autorités de santé américaines (le CDC) auraient caché des données à ce sujet, est disponible sur Internet et dans plusieurs salles. Il risque d’entrainer questionnements et inquiétude, notamment des parents indécis quant à la vaccination ROR.
Le réalisateur de ce film n’est autre qu’Andrew Wakefield, anti-vaccinal anglais mondialement connu pour une publication dans le Lancet qui soutenait un lien entre vaccination ROR et autisme, mais aussi pour sa capacité à falsifier les données. En effet, cette étude a été retirée du Lancet (Lien 3) après la découverte de manquements éthiques graves (falsifications, acceptations d’honoraires cachés, etc.), et Wakefield reconnu coupable de fraude scientifique et radié de la médecine par ses pairs (Lien 4).
Alors que ce lien entre vaccination ROR et autisme a été réfuté plusieurs fois sur le plan épidémiologique et considéré comme non plausible, A. Wakefield suggère que l’administration simultanée des 3 vaccins induirait un certain nombre de cas d’autisme ! Rassurez vos patients, ou plutôt leurs parents : leur répétition ne suffit pas à ce que les mensonges deviennent vrais ! D’innombrables analyses de qualité ont montré sans équivoque qu’il n’existe aucun risque accru d‘autisme suite à une vaccination (Lien 5).
Nous vous conseillons la lecture et la diffusion dans vos salles d’attente de l’édito du Monde (Lien 6) intitulé « Vaccins : science ou rumeurs, il faut choisir ». Il permettra à vos patients-parents de mieux comprendre les enjeux actuels de la vaccination.
Le risque d’infection oro-pharyngée à HPV semble fortement diminué par la vaccination (Lien 7) !!! Une étude américaine ayant inclus plus de 2600 adultes de 18 à 33 ans suggère que l’administration d’au moins une dose d’un vaccin contre HPV diminue de 88,2% (IC95% 5,7 à 98,5%) ce risque. La prévalence des HPV vaccinaux diminue fortement chez les hommes vaccinés (0 % vs 2,13%, p=0,007) sans changement de prévalence pour les génotypes non vaccinaux. Les cancers dus aux HPV ne se développant pas sans infection préalable, ceci doit nous amener à deux conclusions : arrêtons de parler de vaccins contre « le cancer du col » pour adopter un discours concernant plusieurs cancers (col, vagin, vulve, anus, ORL) liés aux HPV et agissons pour l’étendue de la recommandation de la vaccination aux garçons en France… comme dans plusieurs pays.
En cette période pré-estivale, nous vous recommandons la lecture du BEH du 6 Juin 2017 qui fait le point sur les Recommandations Sanitaires pour les Voyageurs en 2017 (Lien 8). Pour les vaccins, les nouveautés concernent surtout la fièvre jaune (extension des zones infestées notamment au Brésil, précisions des indications pour les femmes enceintes et les immunodéprimés…).
Attention : carence en vaccin contre l’hépatite A en pharmacie.
- Du côté des produits : Des ruptures d’approvisionnement diverses En cliquant sur ce (Lien 9) ou en allant sur le site InfoVac, vous aurez une vision complète de la situation au jour le jour.
- En réponse à vos questions. Une patiente de 20 ans, drépanocytaire SS sous hydroxycarbamide (Hydrea®, Siklos®) doit partir prochainement en zone endémique pour la fièvre jaune. Peut-on la vacciner contre cette maladie ? Oui !!! Bien que l’hydroxyurée soit considéré comme immunodéprimant et que le vaccin contre la fièvre jaune soit un vaccin vivant (CI dans le Vidal), des études montrent qu’il est bien toléré dans cette population et les recommandations pour les voyageurs (Lien 8) soulignent l’importance de cette vaccination pour ces patients.
Un enfant de 6 ans 11 mois a certainement reçu 1 injection ROR et la maman doute sur une 2ème dose qui n’est pas inscrite dans le carnet de santé dans lequel je ne retrouve que 2 hexavalents. Que faire pour le ROR et l’hépatite B ? Aucun risque à injecter une dose supplémentaire de ROR (comme pour tous les vaccins vivants). En effet, si le patient a des anticorps, les virus vaccinaux ne se répliqueront pas et n’entraineront aucun effet indésirable. Une troisième dose de vaccin contre l’hépatite B est nécessaire. Deux cas de figure se présentent : 1. soit cet enfant justifie un rappel pour D, T, P et coqueluche : faites-lui alors un hexavalent, 2. soit il est à jour pour les autres valences : un vaccin monovalent contre l’hépatite B sera suffisant mais vous aurez peut-être du mal à vous le procurer (pénurie). Vous pouvez attendre pour la troisième dose le retour à la normale prévue en 2018…
Robert Cohen, Véronique Dufour, François Vie le Sage, Isabelle Hau, Joël Gaudelus, Pierre Bakhache, Pierre Bégué, Marie-Aliette Dommergues, Nicole Guérin, Odile Launay, Didier Pinquier, Philippe Reinert, Olivier Romain, Catherine Weil-Olivier, Claire-Anne Siegrist.
Bulletin n°5 Mai 2017
- Pour votre information : La principale modification du dernier calendrier vaccinal publié en Avril 2017, est l’ajout, à l’âge de 5 mois, d’une dose de Neisvac®. Ceci est la conséquence de l’échec du programme de vaccination des enfants plus grands et surtout, des adolescents ainsi que des adultes jeunes, qui n’a pas permis la mise en place d’une immunité de groupe protégeant les nourrissons. De ce fait, de très nombreuses questions nous sont parvenues sur ce sujet (voir plus bas).
En Italie, l’ensemble des vaccins de la petite enfance est devenu obligatoire depuis fin Avril 2017… Espérons que nos nouvelles autorités politiques suivront l’exemple italien et… les recommandations de la Concertation Citoyenne.
Durant le congrès de l’ESPID, à Madrid du 22 au 26 Mai 2017, les Autorités de Santé du Royaume Uni ont confirmé pour Bexsero® l’excellente couverture vaccinale (90%), la bonne efficacité sur le terrain (> 80% pendant la première année de vie sur l’ensemble des infections invasives à Méningo B) et ont rassuré sur la tolérance à large échelle (plus de 700.000 vaccinés par an depuis près de 2 ans). La vaccination par le Bexsero® y a été réalisée (schéma 2-4-12 mois) en même temps que les Pentavalent et Prevenar®. La forte réactogénicité attendue de ces associations et l’éventualité des risques liés à des épisodes fébriles induits ont conduit à proposer systématiquement l’administration d’antipyrétiques (paracétamol ou ibuprofène) juste avant ou immédiatement au décours de la vaccination. Une étude comparative anglaise montre d’ailleurs que le paracétamol utilisé dans ces conditions diminue significativement l’intensité des épisodes fébriles mais pas l’ibuprofène.
A ce même congrès, différentes études ont confirmé l’excellente efficacité et tolérance de la vaccination de la femme enceinte contre la coqueluche. A quand la recommandation en France ?
- Du côté des produits : Des ruptures d’approvisionnement persistent (Lien 1).
- En réponse à vos questions : Peut-on remplacer le Neisvac® par le Menjugate® pour cette dose administrée dans la première année de vie ? Non !!! Aucune étude ne montre qu’une seule dose de Menjugate® est suffisamment immunogénique dans la première année de vie.
Si je vaccine un enfant par le Neisvac® à 5 mois, puis-je lui faire le rappel à 12 mois avec un Menjugate® ? En principe, pour les rappels, lorsque les vaccins sont disponibles, il vaut mieux utiliser le même produit, mais en cas de pénurie, n’hésitez pas en changer.
Quand administrer cette dose quand aucune consultation médicale n’est programmée à l’âge de 5 mois (surcharge de consultations de certaines PMI) ? L’AMM en 1 dose dans la première année l’autorise à partir de 4 mois. Il est tout à fait possible (et fait dans de très nombreux pays) de faire 3 vaccins (Hexavalent-Prevenar-Neisvac) à la visite de 4 mois. En outre, pendant des années, les anglais, qui sont les premiers à avoir mis en place la vaccination contre le méningo C, l’ont pratiqué dès l’âge de 3 mois en utilisant une seule dose de Neisvac®, avec le succès que l’on connaît. Si aucune de ces solutions ne vous satisfait, vous pouvez faire l’injection à l’âge de 6 mois, mais ce sera une perte de chance pour l’enfant pendant cette période de pic de fréquence de la maladie.
Pour les enfants âgés de plus de 5 mois et de moins d’un an, doit-on effectuer un rattrapage pour le Neisvac® ? Il semble raisonnable de le proposer à ceux de moins de 9 mois, sans oublier de faire le rappel à 12 mois ou plus (au moins 5 à 6 mois après la première dose). Pour les autres, mieux vaut attendre la date de l’injection de 12 mois.
Je propose le Bexsero® à l’âge de 3, 5 et 13 mois, pour me rapprocher du schéma anglais qui a fait la preuve de son efficacité sur le terrain, sans avoir à le co-administrer avec l’Hexavalent et le Prevenar afin de limiter le risque de fièvre. Dois-je quand même injecter le Neisvac® à 5 mois ? Oui !! Pour l’instant… En attendant des données d’efficacité clinique plus probantes avec Bexsero® qui n’est pas un vaccin dirigé contre la capsule polysaccharidique du sérogroupe B mais contre des antigènes protéiques sous capsulaires (non spécifiques du sérogroupe B), il ne fait pas de doute qu’il protège en partie aussi contre les autres sérogroupes. Les données actuelles montrent que ces antigènes sont le moins souvent exprimés (40% semble-t-il) contre les souches appartenant au sérogroupe C.
Faut-il prescrire systématiquement du paracétamol en prévention chez le nourrisson lors des séances de vaccinations ? Tout dépend de la réactogénicité attendue des vaccins administrés !!! et des interférences éventuelles avec la réponse immune. C’était la règle avec les vaccins anti-coquelucheux entiers (très réactogéne : fièvre et réactions locales). L’introduction des vaccins anti-coquelucheux acellulaires dans les années 2000, beaucoup mieux tolérés, a rendu cette pratique inutile, d’autant que plusieurs études avaient montré qu’elle induisait une moins bonne réponse anticorps pour certains antigènes. Pour Bexsero®, l’administration du paracétamol est conseillée car elle diminue significativement l’intensité des réactions secondaires tout en ne réduisant pas l’immunogénicité.
Robert Cohen, Joël Gaudelus, Véronique Dufour, Didier Pinquier, Pierre Bakhache, Pierre Bégué, Marie-Aliette Dommergues, Isabelle Hau, Nicole Guérin, Odile Launay, Philippe Reinert, Olivier Romain, François Vie le Sage, Catherine Weil-Olivier, Claire-Anne Siegrist.
Bulletin n°4 Avril 2017
- Pour votre information : La semaine européenne de la vaccination (vaccination-info-service.fr) s’est déroulée du 24 au 30 Avril, dans une indifférence médiatique du fait des élections présidentielles françaises et du manque d’implication du ministère de la santé ; aucune position officielle n’a en effet été adoptée suite aux conclusions de la concertation Néanmoins quelques documents intéressants ont été publiés par Santé Publique France à cette occasion : le premier fait le point sur l’évolution de l’épidémiologie des maladies à prévention vaccinale en France (Lien 1), le second fait l’état des lieux des couvertures vaccinales qui restent largement insuffisantes à l’exception des vaccins de la première année de vie (Lien 2). Ces couvertures insuffisantes expliquent l’épidémie en cours de rougeole (135 cas dont 2 encéphalites et 15 pneumopathies) et le peu d’efficacité du programme contre le méningo C.
Le nouveau calendrier vaccinal 2017 (publié à l’occasion de la SEV) est disponible (Lien 3). On notera comme principales modifications :
− L’introduction d’une dose de Neisvac® à l’âge de 5 mois. En effet, la couverture vaccinale largement insuffisante (en particulier chez l’adolescent, réservoir naturel de la bactérie) n’a pas permis d’obtenir une réduction de circulation de la bactérie et la protection des nourrissons (démontrée dans de nombreux pays européens).
− La non nécessité d’IDR tuberculine (Tubertest ®) avant de pratiquer le BCG chez l’enfant de moins de 6 ans (InfoVac précise qu’après 6 ans, le BCG n’a plus d’intérêt).
− Le BCG n’est plus recommandé le premier mois, sauf pour les nouveau-nés de Guyane et de Mayotte où il reste recommandé avant la sortie de la maternité.
− Le remplacement des vaccins papillomavirus de première génération par le Gardasil 9® dès que celui-ci sera disponible (probablement en septembre 2017).
− L’harmonisation des schémas de vaccination contre le pneumocoque chez l’enfant à partir de 5 ans et l’adulte à risque, comportant une dose de Prevenar13® suivie au moins 8 semaines plus tard d’une dose de Pneumo23® avec un rappel par une dose de Pneumo23® 5 ans plus tard.
La nouvelle Commission Technique des Vaccinations (CTV), rattachée maintenant à l’HAS, vient d’être désignée. Etrangement, elle ne comporte plus d’infectiologue adulte… InfoVac souhaite bon vent au nouveau CTV et autant de confiance auprès des vaccinateurs et de la population qu’en bénéficie le CTV anglais (Lien 4). Nous attendons des recommandations plus volontaristes, plus cohérentes, plus simples, applicables et mémorisables par les vaccinateurs de terrain, ainsi que la correction d’un certain nombre d’incohérences du calendrier vaccinal actuel :
− A l’adolescence, une deuxième dose de vaccin contre le méningocoque C par un vaccin conjugué contenant au moins cette valence (un quadrivalent conjugué dans l’idéal), pour les enfants ayant reçu la 1ère dose avant l’âge de 5 ans,
− Recommandation de 3 doses d’Hexavalent en primo-vaccination pour tous les grands prématurés,
− Réintroduction de la vaccination contre le rotavirus. Après sa suspension en France, de très nombreuses études réalisées dans des pays développés où le vaccin est largement utilisé depuis des années, confirment son excellent rapport bénéfice risque et un impact majeur en santé publique,
− Vaccination des garçons contre HPV,
− L’introduction de la vaccination contre la coqueluche au cours de la grossesse pour protéger les petits nourrissons trop jeunes pour avoir reçu deux doses. De nombreuses études, là encore, soulignent que cette stratégie revêt une efficacité supérieure à celle du cocooning et une excellente tolérance.
Une étude suisse publiée récemment montre que le vaccin coquelucheux cellulaire administré au cours du deuxième trimestre de grossesse, permet la transmission des anticorps aux nouveaux nés même prématurés, résultats très importants car les prématurés sont plus à risque de coqueluche et présentent les formes les plus graves de la maladie (Eberhardt Clin Infect dis 2017 ;64 :1129).
- Du côté des produits : Des ruptures d’approvisionnement persistent pour de nb vaccins (Lien 5).
- En réponse à vos questions : Une jeune femme de 26 ans a été diagnostiquée avec une dysplasie cervicale nécessitant une conisation. Elle n’a eu que deux partenaires sexuels et son gynécologue lui a conseillé de se faire vacciner avec le Gardasil®. Est-ce vraiment encore indiqué ? Oui ! La dysplasie cervicale indique la difficulté à éliminer les souches HPV et donc suggère un risque augmenté de lésions pré-cancéreuses ou cancéreuses. La vaccination protègera contre les souches d’HPV non encore contractées et pourrait aussi limiter le risque de réinfections par la souche responsable de la dysplasie initiale. Ajouter que c’est hors recommandation et que le vaccin risque de ne pas être remboursé ! et attendre le Gardasil 9® !
Robert Cohen, François Vie le Sage, Odile Launay, Georges Thiebault, Pierre Bakhache, Pierre Bégué, Marie-Aliette Dommergues, Véronique Dufour, Joël Gaudelus, Isabelle Hau, Nicole Guérin, Didier Pinquier, Philippe Reinert, Olivier Romain, Catherine Weil-Olivier, Claire-Anne Siegrist.
Bulletin n°3 Mars 2017
- Pour votre information : Plusieurs années (10 ans !!!) après InfoVac, le HCSP recommande de ne plus réaliser d’IDR (Tubertest®) avant la vaccination par le Ce test n’est en effet ni assez sensible, ni assez spécifique pour être utilisé à des fins de dépistage. Plus d’un an après InfoVac, le HCSP recommande également de ne plus pratiquer le BCG avant l’âge d’un mois en France métropolitaine, afin de réduire le risque de BCGite généralisée chez des enfants porteurs d’un déficit immunitaire combiné sévère non encore diagnostiqué (Lien1). Il n’est jamais trop tard pour bien faire… Deux autres anomalies de notre calendrier vaccinal doivent être corrigées rapidement :
- l’absence de recommandation de vaccination contre le rotavirus : toutes les études internationales confirment son excellente efficacité et sa bonne tolérance. Une étude récente en Israël démontre un impact comparable aux vaccins pneumococciques sur le nombre d’hospitalisations et de passages aux urgences (Ben-Shimol S J Pediatr. 2017;182:253)
- la non recommandation du rappel de vaccination contre le méningocoque C à l’adolescence, pour les enfants vaccinés avant l’âge de 5 ans. L’ensemble des études montre que lorsque la vaccination est pratiquée tôt, les taux d’anticorps déclinent rapidement, devenant insuffisants pour être efficaces au moment du deuxième pic de fréquence de la maladie et pour protéger du portage particulièrement élevé à cet âge. Du fait des couvertures vaccinales insuffisantes qui ont imposé la vaccination des nourrissons à 5 mois, la re-vaccination à l’adolescence s’impose aussi : InfoVac rappelle qu’avant la recommandation de 2008, de nombreux vaccinateurs avaient commencé à vacciner contre le méningocoque C et des familles avaient accepté un vaccin non remboursé. Savoir que ces enfants ne sont plus protégés aujourd’hui paraît à la fois injuste et non éthique. La part occupé par les sérogroupes W et Y à l’adolescence plaide pour un vaccin quadrivalent conjugué ACYW.
Près de 1 an après l’AMM et bien après de nombreux pays occidentaux, la recommandation d’utilisation de Gardasil9® est enfin officielle (Lien 2). Il est indiqué en lieu et place des anciens vaccins (Gardasil® et Cervarix®), avec les mêmes schémas que les vaccins de première génération (2 doses à 6 mois d’écart pour les jeunes filles dont la vaccination a débuté avant l’âge de 15 ans et 3 doses après). Le processus institutionnel devant aboutir au remboursement et à la mise à disposition du vaccin peut prendre encore quelques mois et on peut espérer que le vaccin soit disponible à la rentrée. InfoVac regrette que le HCSP ne recommande pas de revacciner les patientes déjà vaccinées avec les vaccins de première génération et que la vaccination des garçons n’ait pas été abordée. A propos d’HPV toujours, une étude publiée dans le numéro du 30 Mars du New England Journal of Medecine, confirme la bonne tolérance du Gardasil® lorsqu’il a été administré par erreur à des femmes en début de grossesse.
Le schéma de vaccination contre le pneumocoque comportant 1 dose de Prevenar13® suivie au moins
2 mois après d’un Pneumo 23® réservé jusqu’à présent aux adultes et enfants de plus de 5 ans immunodéprimés, présentant un syndrome néphrotique, porteurs d’une brèche ostéo méningée ou d’un implant cochléaire a été étendu à tous les sujets à risque élevé d’infections invasives et de pneumonies (BPCO, insuffisance respiratoire chronique, asthme sévère, insuffisance rénale, diabète, hépatopathie…). Une nouvelle épidémie de rougeole a émergé dans plusieurs pays Européens (plus de 4 000 cas). La distribution par pays est disponible sur le site de l’ECDC (Lien 3). Ces épidémies sont dues à des couvertures vaccinales insuffisantes, en particulier pour la 2ème dose. Ces épidémies flambant souvent au printemps, la vigilance et la vérification du statut vaccinal sont fortement recommandées ! Pour mémoire les personnes nées après 1980 doivent avoir reçu 2 doses de vaccin.
L’OMS a présenté ses recommandations pour la composition des vaccins contre la grippe pour l’hémisphère nord (saison grippale 2017-2018). Une seule souche va changer par rapport au vaccin de cette année : la souche A/Michigan/45/2015 (H1N1)pdm09 va remplacer A/California/7/2009.
La semaine Européenne de la vaccination aura lieu du 23 au 27 Avril, pilotée par Santé Publique France, et sera l’occasion de la publication du nouveau calendrier vaccinal. Dans un contexte de défiance vis à vis de la vaccination, particulièrement marquée en France, cette semaine revêt une importance particulière cette année. Après le rapport Fischer sur la concertation citoyenne, Santé Publique France recommande l’élargissement de l’obligation vaccinale sans clause d’exemption pour tous les vaccins recommandés avant l’âge de 2 ans. La décision de la ministre de la Santé se fait attendre maintenant depuis plusieurs mois et ne viendra probablement pas avant les élections….
Nous vous conseillons la lecture du livre de Philippe Sansonneti « Vaccins, pourquoi ils sont indispensables » aux éditions Odile Jacob et d’en proposer la lecture à vos parents-patients hésitants. Ce livre destiné au grand public, se lit comme un roman.
- Du côté des produits : Des ruptures d’approvisionnement persistent (Lien 4).
Robert Cohen, Odile Launay, Pierre Bakhache, Pierre Bégué, Marie-Aliette Dommergues, Véronique Dufour, Joël Gaudelus, Isabelle Hau, Nicole Guérin, Didier Pinquier, Philippe Reinert, Olivier Romain, Georges Thiebault, François Vie le Sage, Catherine Weil-Olivier, Claire-Anne Siegrist.
Bulletin n°2 Février 2017
- Pour votre information : Le Conseil d’état, dans un avis du 8 février 2017 (Lien 1), demande à l’état de sortir de l’imbroglio existant, à savoir 3 valences obligatoires (Diphtérie, Tétanos, Polio) sans qu’il n’existe la possibilité réelle de ne vacciner qu’avec ces 3 valences obligatoires. Le Conseil d’Etat est dans son rôle en demandant à la ministre d’appliquer la loi. Il demande donc la mise à disposition de vaccins correspondant aux obligations en vigueur. Cela implique soit la mise à disposition d’un vaccin DTP dans les 6 mois (ce qui n’est pas faisable techniquement), soit la levée des obligations vaccinales (ce qui compromettra les couvertures vaccinales et donc la santé publique), soit l’extension des obligations à l’ensemble des vaccins actuellement utilisés chez l’enfant ou au minimum à ceux compris dans le vaccin hexavalent (ce qui nécessitera un texte législatif). Cette dernière mesure, qui figure dans les recommandations du comité d’orientation de la concertation citoyenne sur la vaccination, est fortement soutenue par de nombreuses sociétés savantes : elles demandent que le ministère prenne rapidement position dans ce sens (Lien 2), rejointes par des syndicats de médecins généralistes (Lien 3). Questionnée sur ce sujet à l’Assemblée Nationale, la ministre a rappelé l’importance majeure de la vaccination, indiqué qu’elle recevra de nouveau le Prof. Fischer en mars et qu’elle annoncera alors ses orientations… « Il est probable qu’un texte législatif sera nécessaire… qu’il appartiendra de mettre en œuvre pendant la prochaine législature. ». Aucun changement en vue dans un proche avenir, donc !
Les difficultés d’approvisionnement en vaccin monovalent contre l’hépatite B ont conduit le HCSP à proposer des recommandations d’utilisation dans ce contexte de pénurie. Le texte sera disponible d’ici quelques jours. La vaccination des nouveau-nés de mère HBS positive (qui doit être réalisée dans les plus brefs délais) peut être assurée, les stocks d’Engerix B10® et d’HBvax5Pro® (de nouveau recommandé pour les nouveau-nés) réservés aux maternités étant suffisants.
Les premières données d’efficacité des vaccins contre la grippe sur les souches circulantes en 2016-2017 montrent qu’elles sont un peu inférieures à 50% pour H3N2 et d’environ 70% pour B (Lien 5 et Lien 6).
- Du côté des produits : Des ruptures d’approvisionnement persistent (Lien 4). La commercialisation du Genhevac B® est arrêtée, et l’Engerix®B20 et l’HBVax10® ne sont plus disponibles en
- En réponse à vos questions : Pouvez-vous me repréciser le calendrier vaccinal du prématuré, concernant le Quinta ou l’Hexavalent : 3 ou 4 doses ? La position d’InfoVac est claire : pour les < 33 semaines, le schéma est 3+1 pour les vaccins Hexa, Penta ou Prevenar 13®. Les raisons en sont simples : d’une part les prématurés répondent moins bien aux antigènes hépatite B, Hib, coqueluche et pneumocoques, d’autre part ils présentent davantage de risques d’infections et de formes graves pour l’ensemble des maladies infectieuses (Miller JE Lancet Infectious Diseases 2016 ;16 :952). Bien que reconnaissant ces facteurs de risques spécifiques, les recommandations officielles ne préconisent pas de calendrier 3+1 (au lieu de 2+1) pour les prématurés du fait de l’absence de démonstration du sur-risque épidémiologique dans cette population. Ceci est devenu inexact, une étude norvégienne récente (Rolandsen Rise PIDJ 2017) montrant un risque de coqueluche multiplié par 4,49 (IC95% 2,33- 8,67) chez les grands prématurés. De plus, c’est à notre sens une erreur de compter sur l’effet de groupe à une époque où les taux de couvertures vaccinales sont en baisse et lorsque l’on sait que les vaccins coquelucheux acellulaires n’ont pas, ou au mieux peu, d’effet de groupe. Peut-on compter sur l’effet de groupe pour ces sujets hyper fragiles vis à vis des maladies infectieuses ? Notre réponse est NON.
J’ai une discussion fréquente avec mes collègues au sujet de l’influence de la vitesse d’injection des vaccins sur la douleur liée à l’injection. Quelles sont les recommandations ? Il n’y a pas de recommandation spécifique. Historiquement des injections lentes avaient été conseillées pour prévenir la distension soudaine des tissus susceptible d’activer les récepteurs nociceptifs sensibles à la pression. En fait, aucune étude ne le démontre. Par contre, une étude récente montre que pour les vaccins pentavalents, une injection rapide diminue les symptômes traduisant la douleur chez le nourrisson, différence qu’on ne retrouve pas pour les vaccins pneumococciques (Taddio Vaccine 2016;34:4672).
Une jeune fille de 13 ans suivie pour une colite hémorragique reçoit un traitement par Imurel® et Pentaza® : peut-on la vacciner contre HPV ? Oui !!! On peut et on doit la vacciner. En cas d’immunosuppression, les vaccins inactivés ne présentent pas plus de risque qu’habituellement (hormis une efficacité moindre du fait des traitements) ; cette jeune fille présente donc un risque accru de ne pas guérir naturellement d’une infection à HPV. Par conséquent, la vaccination est fortement recommandée avec un schéma en 3 doses en raison de l’immunodepression.
Du fait de problèmes de serveur, depuis quelques semaines InfoVac n’a pas pu répondre à l’ensemble des questions posées. N’hésitez pas à les renvoyer.
Robert Cohen, Odile Launay, François Vie le Sage, Olivier Romain, Georges Thiebault, Pierre Bakhache, Pierre Bégué, Marie-Aliette Dommergues, Véronique Dufour, Joël Gaudelus, Isabelle Hau, Nicole Guérin, Didier Pinquier, Philippe Reinert, Catherine Weil-Olivier, Claire-Anne Siegrist.
Bulletin n°1 Janvier 2017
- Pour votre information : Il y a 2 mois, le Comité d’orientation de la concertation citoyenne sur la vaccination recommandait un élargissement temporaire de l’obligation vaccinale avec clause d’exemption, jusqu’à ce que les conditions soient réunies pour une levée de l’obligation. Ce sont maintenant 30 sociétés médicales qui demandent la mise en place immédiate de ces recommandations (Lien 1). Les Académies de médecine, de Pharmacie et le Conseil de l’Ordre des médecins ont aussi exprimé leur soutien. Et pourtant, à ce jour, aucune décision de la ministre de la santé n’a été rendue officielle. Toutefois, des propos de la ministre ont été rapportés par l’APM : « La proposition… c’est de rendre obligatoire avec une possibilité de s’y soustraire… Une obligation à laquelle on peut se soustraire, qu’est-ce que c’est ? Comment cela s’apprécie ? Comment cela s’encadre ? », s’est interrogée la ministre, sans donner de réponse. De plus, pour pouvoir appliquer ces recommandations, il faut passer par une loi (nécessaire lorsqu’il s’agit d’encadrement des libertés individuelles). De ce fait, il paraît difficile que cela se fasse avant la fin de la législature. La situation doit être clarifiée rapidement. En effet, à la suite d’une plainte au Conseil d’Etat de l’Institut pour la protection de la santé naturelle
(association de promotion des « médecines naturelles », connue pour avoir relayé la pétition controversée du Pr Henri Joyeux), le rapporteur souligne dans son avis que « la discordance actuelle entre l’obligation vaccinale et l’impossibilité de la mettre en œuvre conduit à une situation d’illégalité ».
Un avis récent du Haut Conseil de Santé Publique (Lien 2) sur la vaccination contre le méningo C constate l’échec de ce programme en France : la surveillance entre 2010 et 2015 ne montre pas de diminution du nombre de cas (contrairement à de nombreux pays européens) du fait d’une couverture vaccinale insuffisante notamment chez les adolescents. Le HCSP recommande :
- l’application des recommandations (1 dose de vaccin pour tous les sujets entre 1 et 24 ans) en insistant sur l’importance de la vaccination des adolescents : elle doit être considérée comme
« essentielle, leur immunisation étant susceptible de participer à l’établissement d’une protection de groupe du fait de la fréquence du portage dans cette tranche d’âge ».
- l’introduction de la vaccination des nourrissons à l’âge de 5 mois avec une dose de Neisvac® et un rappel à l’âge de 1 an.
En revanche, et c’est complètement INCOHERENT, tout en reconnaissant que la majorité des enfants vaccinés avant 5 ans n’ont plus d’anticorps protecteurs à l’adolescence (donc à priori plus de protection individuelle et plus d’impact sur le portage), le HCSP ne recommande pas de rappel pour les enfants vaccinés avant l’âge de 5 ans. InfoVac maintient sa position et conseille le rappel entre 11 et 13 ans à tous les enfants vaccinés dans les 5 premières années de vie.
Suite à l’augmentation dans différents pays européens du nombre de cas d’infections invasives parfois mortelles dues aux sérogroupes Y et W (cf l’épidémie récente dans une université à Dijon), InfoVac conseille la vaccination des adolescents par un vaccin méningococcique conjugué ACYW135 (Menveo® ou Nimenrix®) à la place des vaccins monovalent C.
L’AMM des vaccins coquelucheux acellulaires pendant la grossesse vient d’être modifiée : il est spécifié dorénavant que l’utilisation du Boostrix Tetra® peut être envisagée pendant le troisième trimestre de grossesse (Lien 3). Pouvait-il en être autrement après l’avalanche d’études démontrant l’innocuité et l’efficacité de ces vaccins sur la prévention des coqueluches précoces ? En Angleterre, (Amirhalingam Clin Infect Dis 2016), 3 ans après l’implémentation de cette vaccination chez la femme enceinte, son efficacité vis à vis de la coqueluche du petit nourrisson est estimée à 91% (IC95% 88-94) et à 95% (IC 79%-100%) pour les décès. Aux Etats Unis, 2 études récentes (Winter K Clin Infect Dis 2016) montrent que : 1- la vaccination entre la 27ème et la 36ème semaine de grossesse est 85% plus efficace que celle réalisée dans les 14 jours suivant l’accouchement, 2- en cas de coqueluche survenant chez des enfants de mères vaccinées, elle est moins sévère, les enfants moins souvent hospitalisés, avec des durées d’hospitalisation plus courtes et aucun de ces enfants n’a été intubé ou n’est décédé.
- Du côté des produits
De nombreuses ruptures d’approvisionnement persistent (Lien 4). La commercialisation du Genhevac B® est arrêtée et des difficultés importantes existent pour Engerix®B20 et HBVax10®. L’Engerix B10® et l’HBvax 5® vont être contingentés pour les hôpitaux et collectivités. En l’absence de mesures rapides des autorités de santé, il risque de devenir très difficile de vacciner rapidement en post exposition (urgence thérapeutique) notamment les nouveau-nés de mère porteuse du virus de l’hépatite B.
Du fait de problèmes de serveur, depuis quelques semaines InfoVac n’a pas pu répondre à l’ensemble des questions posées. N’hésitez pas à les renvoyer.
Robert Cohen, François Vie le Sage, Olivier Romain, Georges Thiebault, Pierre Bakhache, Pierre Bégué, Marie-Aliette Dommergues, Véronique Dufour, Joël Gaudelus, Isabelle Hau, Odile Launay, Nicole Guérin, Didier Pinquier, Philippe Reinert, Catherine Weil-Olivier, Claire-Anne Siegrist.