Quel vaccin en rappel à des patients vaccinés à l’étranger par des vaccins non enregistrés en Europe ? D’un pays à l’autre, les recommandations changent, non pas sur des données scientifiques mais sur des textes réglementaires. Certains ne reconnaissent que les vaccins recommandés dans leur pays, d’autres, uniquement ceux ayant une AMM européenne, et d’autres enfin tous les vaccins reconnus par l’OMS. L’émergence des variants ß, et ∂ vient compliquer la situation : les vaccins à ARNm paraissant plus efficaces pour prévenir les infections peu sévères et la transmission. Les vaccins chinois Sinofarm® ou SinoVac® sont des vaccins entiers inactivés ayant obtenu une autorisation d’utilisation d’urgence par l’OMS mais n’ont pas encore été autorisés par l’EMA. Les données d’efficacité et de tolérance sont moins bien connues que pour les autres vaccins, mais paraissent comparables aux vaccins vectorisés sur adénovirus. Il n’y a pas de donnée spécifique pour une interchangeabilité de ces vaccins avec les autres. Le vaccin Sputnik V est un vaccin vectorisé sur deux adénovirus humains modifiés non-répliquant : adénovirus 26 pour la première dose (comme le vaccin Johnson&Jonhson) et adénovirus 5 pour la deuxième afin d’éviter un éventuel effet « blunting ». Ils ne sont pas encore approuvés ni par l’agence européenne ni par l’OMS. Les données d’efficacité publiées dans le Lancet sont excellentes. Il n’y a pas de donnée spécifique pour une interchangeabilité de ce vaccin avec les autres. Les données dont nous disposons pour le vaccin AstraZeneca (lui aussi vectorisé sur un adénovirus) suivi d’un vaccin à ARNm deux mois après laissent penser qu’une seule dose de vaccin à ARNm sera suffisante.
Ces différents vaccins ne permettent pas de valider les conditions d’immunisation du « passe sanitaire ». La solution la plus raisonnable nous parait être la suivante : que les patients aient reçu une dose ou 2 doses d’un vaccin non enregistré, faire une sérologie au moment de l’injection de la première dose. Si elle est positive, une seule dose de vaccin à ARNm est nécessaire ; si elle est négative, il vaut mieux programmer 2 doses.
Cette attitude s’appuie sur le fait que les schémas hétérologues fonctionnent bien, que le variant ∂ est devenu prédominant et que les vaccins ARNm sont plus efficaces sur les variants.
En outre, elle respecte les recommandations officielles (sérologie + = une dose) et permet l’obtention du passe sanitaire.