Un grand nombre de patients viennent avec des sérologies pour savoir quand faire le rappel. Comment les interpréter ? Si les sérologies permettaient de déterminer la protection individuelle et donc le moment d’un rappel, elles feraient partie des recommandations !
1) une sérologie ELISA n’est pas toujours corrélée avec les anticorps neutralisants ;
2) le taux d’anticorps neutralisants nécessaire à la protection n’est pas connu est très variable en fonction des variants
3) il n’y a pas de corrélation « individuelle » entre une sérologie et d’éventuels effets secondaires. Donc ni vous ni nous ne pouvons interpréter ces sérologies inutiles.
En faisant à un adolescent sa première dose de Comirnaty®, j’ai réalisé un TROD sérologique dont seul la barre « IgM » était positive et pas la barre IgG. Que faut-il en penser ? Théoriquement les IgM apparaissent 2 à 3 jours avant les IgG et il pourrait s’agir d’un début d’infection. En réalité, cette situation avec seulement des IgM correspond le plus souvent à des faux positifs et est connue pour de nombreux virus et bactéries. Si vous voulez en savoir plus, il suffit de faire une sérologie avec un dosage des anti-spike et des anti-nucléocapsides. La présence d’anticorps anti-nucléocapside de type IgG signerait une infection.
Quelles indications pour la sérologie peut-on maintenir à une période où plus de 75% des Français sont vaccinés ? Quatre indications se dégagent. La première est, avant toute vaccination ou lors de l’injection de la première dose, une sérologie anti-spike associée ou non à la sérologie anti-nucléocapside afin de ne proposer qu’une seule dose à ceux qui ont déjà fait la maladie. La seconde est une sérologie ciblant la nucléocapside si la première dose a été faite sans sérologie afin d’éviter une deuxième dose inutile notamment chez les adolescents. La troisième, pour les patients immunodéprimés (greffés ou patients sous corticoïdes, anti-TNF, immunosuppresseurs) pour approcher la réponse immunitaire. La quatrième enfin pour l’exploration ou le suivi d’un « potentiel effet indésirable ». Dans ces deux derniers cas, même si le rendu des laboratoires en BAU (Binding Antibody Units définis par l’OMS) facilite les choses, pour un suivi des taux d’anticorps chez un patient donné, il est préférable d’utiliser la même technique et dans le même laboratoire.
Faut-il faire une sérologie Covid-19 pré-vaccinale ? Au début de la pandémie une sérologie avant la vaccination n’était pas conseillée car, en population générale, le taux de positivité était faible et parce qu’en dépistage, un résultat positif avait de grande chance de correspondre à un faux positif s’il n’y avait pas d’anamnèse évocatrice de COVID 19 ou de contact étroit avec un cas avéré positif (probabilité pré-test élevée). Contrairement à l’OMS et de nombreux autres pays, la HAS conseille de réaliser une sérologie par TROD en profitant du délai de surveillance de 15’ après la première dose. Si la sérologie est positive, la deuxième dose ne sera pas nécessaire. Les arguments qui ont conduit à cette recommandation sont les suivants :
– D’après les estimations de l’Institut Pasteur, plus de 20% des personnes en France (40% dans la région parisienne) auraient une sérologie positive alors que 8 % ont eu une PCR ou des Ag positifs.
– Une dose de vaccin est suffisante pour les patients qui ont déjà fait la maladie : les taux d’anticorps obtenus après une seule dose de vaccin chez les personnes déjà infectées par la Covid-19 sont supérieurs à ceux des personnes non préalablement infectées et ayant bénéficié d’un schéma vaccinal à deux doses. Ceci permet d’une part d’économiser des doses, d’autre part d’éviter des complications liées à une hyper-immunisation.
– La vaccination croissante des adultes jeunes, voire des adolescents, augmente la probabilité d’avoir présenté des formes asymptomatiques et pauci-symptomatiques.
La HAS souligne que ce dépistage concomitant à la vaccination ne devrait pas la conditionner, ni ralentir la démarche vaccinale. Il est essentiel, avant toute généralisation de ce dépistage, de vérifier son intérêt et sa faisabilité en conditions réelles de mise en œuvre, en ville comme en centres de vaccination.
Un de mes patients de 50 ans sans antécédent, a contracté le SARS-COV-2 en Novembre 2020 (symptômes cliniques dont anosmie-agueusie et PCR positive). Un médecin a demandé en Juin 2021 une sérologie COVID qui s’est avérée négative. Faut-il lui faire 1 ou 2 doses de vaccin ? Une dose !!! Il est inutile (pour l’instant) de faire une sérologie pré-vaccinale aux personnes pour lesquelles on a la certitude de l’infection. Comme pour tous les examens, des faux négatifs existent et l’on sait, de plus, qu’une partie des sujets immunocompétents perdent leurs anticorps. Il est logique de penser que, comme pour l’hépatite B, ces patients ont tout de même une mémoire immunitaire que l’injection va « rappeler ».
La vaccination positive-t-elle la sérologie ? Oui, si les anticorps recherchés par ELISA ou immuno-chromatographie (test de diagnostic rapide) comprennent ceux de la zone de la « spike » (RDB ou S2) induits par l’injection vaccinale et si l’on est suffisamment à distance de la vaccination (2 à 3 semaines). Les laboratoires ne précisent pas toujours le type d’anticorps détectés et ce n’est généralement pas écrit dans les notices des tests de diagnostic sérologique rapide. Il semble que certains tests détectent spécifiquement les anticorps anti RDB. Il faut souligner que les méthodes de dosages ne permettent pas d’évaluer correctement la protection (anticorps neutralisants) et ne sont donc pas conseillés au décours de la vaccination. Il n’y a pas à ce jour de corrélats de protection connus entre le niveau des anticorps dosés par les sérologies COVID et la protection réelle vis à vis de la maladie. La sérologie quand elle est positive traduit le contact avec le virus.
Les sérologies après vaccin COVID pour déterminer si la réponse vaccinale est suffisante sont-elles utiles ? Non !!! Une sérologie post-vaccinale n’a (encore) pas d’utilité́ en routine. Les anticorps neutralisants sont essentiels pour éviter l’infection, mais les techniques de dosage ne sont pas standardisées et les taux protecteurs ne sont pas encore connus. La sérologie pourrait être utile si les techniques sont standardisées, pour vérifier si un sujet est immunisé. Cependant, même en l’absence d’anticorps, les lymphocytes T semblent jouer un rôle protecteur à eux seuls contre les complications.
Une patiente de 57 ans a eu la Covid-19 en juin 2020. Sa sérologie était positive avec 114 UI en juillet 2020. Comme l’indique les recommandations, elle a eu une dose d’Astra-Zeneca le 15/4/2021. Une nouvelle sérologie a été réalisée 2 mois après révélant un taux à 18 UI. Au regard de cette chute rapide des anticorps, elle a reçu une deuxième injection AZ. Je précise que ce n’est pas nous qui avons demandé ces sérologies. A-t-on eu tort, vu les recommandations de l’HAS, de ne faire qu’une seule injection ?
Cette seconde dose était très probablement inutile, mais personne ne peut répondre scientifiquement à cette question en l’absence d’étude spécifique.
En fait, il y a plusieurs éléments à prendre en compte :
- Il n’y a pas encore de méthode standardisée de dosage des anticorps. Même pour les études cliniques, chaque laboratoire producteur a développé sa propre méthode de dosages en comparant notamment les taux obtenus après vaccination à ceux observés après maladie naturelle.
L’évolution du taux d’anticorps n’a pas beaucoup de valeur à titre individuel.
- Tous les vaccins disponibles aujourd’hui sont des vaccins dirigés contre la protéine spike. Les vaccins les plus immunogènes (comparés dans les études avec les taux d’anticorps observés après maladie naturelle) sont ceux qui se sont avérés les plus efficaces à la fois sur les souches initiales et sur les variants.
- Les vaccins ne déclenchent pas uniquement la production d’anticorps ; ils suscitent une immunité cellulaire qui semble jouer un rôle majeur dans la prévention des formes graves.
- Les variants sont « moins sensibles » aux vaccins, en tous cas en ce qui concerne les formes asymptomatiques et pauci symptomatiques invitant à avoir une « bonne immunité » humorale.
Dès lors
- La sérologie, pour l’instant, ne sert qu’à déterminer si un patient a eu la COVID-19 ou s’il a été vacciné.
- La nécessité de « troisième » dose ne s’établira pas à titre individuel mais sur les notions soit de terrain particulier (immunodépression, âge…), de variants plus résistants ou de nouveaux vaccins.
- Peut-être que des seuils protecteurs seront déterminés dans les prochains mois, mais ce n’est pas encore le cas.
Un de mes patients de 50 ans sans antécédent, a contracté le SARS-COV-2 en Novembre 2020 (symptômes cliniques dont anosmie-aguesie et PCR positive). Un médecin a demandé en Juin 2021 une sérologie COVID qui s’est avérée négative. Faut-il lui faire 1 ou 2 doses de vaccin ? Une dose !!! Il est inutile (pour l’instant) de faire une sérologie pré-vaccinale aux personnes pour lesquelles on a la certitude de l’infection. Ceci car, comme pour tous les examens, des faux négatifs existent et l’on sait, de plus, qu’une partie des sujets immunocompétents perdent leurs anticorps. Il est logique de penser que, comme pour l’hépatite B, ces patients ont tout de même une mémoire immunitaire que l’injection va « rappeler ».