S comme « Sensibilité des variants aux vaccins »

Comment expliquer que les variants préoccupants sont moins sensibles aux vaccins ? Les variants préoccupants, du fait de différentes mutations, ont une conformation spatiale modifiée qui peut à la fois leur conférer plus d’affinité pour les récepteurs ACE2 et moins d’affinité pour les anticorps induits contre un virus ancestral ou un autre variant, par la vaccination ou la maladie antérieure. Ce n’est pas une « résistance » mais une diminution de sensibilité. Rappelons qu’un phénomène similaire que chacun connait déjà, avait été observé il y a plus de 40 ans pour les antibiotiques avec les pneumocoques et les ß-lactamines. En effet, des quantités d’antibiotiques plus importantes ou des molécules avec davantage d’affinité pour les récepteurs à la pénicilline avaient été nécessaires pour restaurer l’efficacité des traitements. Avant l’émergence de ces résistances, les concentrations d’antibiotiques suffisantes (CMI) pour inhiber les pneumocoques étaient très faibles (< 0,01 mg/L). Pour ces souches de sensibilité diminuée, des concentrations 10 à 100 fois supérieures étaient nécessaires. Ainsi, pour traiter efficacement ces souches moins sensibles, voire résistantes, ont été utilisés les antibiotiques dont les CMI étaient les plus basses (amoxicilline, céfotaxime-ceftriaxone). Les doses d’antibiotiques ont été augmentées (doublées, voire triplées) et le rythme d’administration a été rapproché en passant de 2 à 3 doses journalières. Il faut souligner qu’il existe de larges variations dans les CMI et les pharmacocinétiques des patients conduisent à des modèles mathématiques type « Monté-Carlo » afin de maximiser les chances de succès notamment pour les patients les plus fragiles[3]

Ce parallélisme de mécanisme de sensibilité diminuée entre les antibiotiques et les vaccins contre le SARS-CoV-2 paraît assez évident. En effet, les vaccins suscitent des anticorps contre la « Spike » des souches virales initiales, avec d’assez larges variations individuelles :

  • ces anticorps ont moins d’affinité pour les variants, dont le Delta
  • et on observe une baisse progressive des taux d’anticorps vaccinaux.