G comme « Grossesse »

Peut-on vacciner avec les vaccins à ARNm pendant la grossesse ? Oui !!! La grossesse est même devenue une indication. Les femmes enceintes avaient été exclues de principe, comme pour tous les nouveaux médicaments des études cliniques initiales et de ce fait il n’existait pas de données spécifiques les concernant. Depuis, des données ont été publiées, démontrant d’une part le risque accru de complications, de passages en soins intensifs, de décès dans le troisième trimestre de grossesse et d’autre part, la bonne tolérance, l’immunogénicité, et le passage des anticorps dans le sang du cordon et le lait de mère. Ceci laisse augurer d’un certain degré de protection des nouveau-nés et des petits nourrissons. Le mécanisme des vaccins à ARNm rend peu probable qu’ils présentent un risque particulier pour les femmes enceintes : il ne s’agit pas de vaccins vivants et ils sont rapidement dégradés par les processus cellulaires normaux, sans entrer dans les noyaux. Dans différents pays plus avancés que l’Europe en termes de vaccination contre la COVID (Israël, Angleterre, USA), aucun signal de pharmacovigilance n’a été détecté.

Il est désormais démontré que les femmes enceintes présentant une Covid-19 symptomatique sont plus à risque d’être admises en soins intensifs (x3) et de décéder (x1,7) (https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/69/wr/pdfs/mm6944e3-H.pdf). Dans cette étude, les risques étaient majorés par l’âge (plus de 35 ans) ou l’existence d’une maladie cardiovasculaire.

Un groupe de travail à l’agence Européenne du médicament a analysé les données de près de 65 000 femmes enceintes vaccinées à différents stades de la grossesse. Cette revue n’a pas mis en évidence de risque accru de complications de la grossesse, de fausses couches, de naissances prématurées ou d’effets indésirables chez les bébés à naître après la vaccination avec des vaccins ARN. En outre, les effets indésirables les plus fréquemment rapportés par les femmes enceintes sont similaires à ceux déclarés dans la population générale et concernent des événements de réactogénicité.

Les vaccins à ARNm sont-ils contre-indiqués dans le premier trimestre de grossesse ? Non, la vaccination des femmes enceintes au 1er trimestre de grossesse n’est pas contre-indiquée ! Certes, seules les femmes enceintes à T2 et T3 ont été désignées comme cibles prioritaires, mais aucun signal de sécurité concernant la vaccination au cours de T1 n’a été détecté. Si la vaccination au 1er trimestre n’a pas été spécifiquement recommandée, c’est entre autre, par crainte que surviennent les successions d’événements [vaccination puis fausse couche], et que le lien chronologique soit interprété à tort comme un lien de cause à effet. Les fausses couches concernent environ 15 % des grossesses : 1 femme sur 4 est concernée au cours de sa vie, 3 à 4 000 fausses couches surviennent chaque semaine en France. Si l’on vaccine une grande proportion des femmes enceintes au 1er trimestre, on observera qu’une grande proportion des femmes faisant une fausse couche ont été vaccinées peu de temps avant. Conclusion : il est possible de vacciner les femmes en début de grossesse. Il n’y a pas de délai à respecter entre la vaccination et le début d’une grossesse.

La vaccination anti-COVID-19 pendant la grossesse protège-t-elle le bébé après la naissance ? Est-elle recommandée même si une sérologie post-infectieuse est positive ? Oui. La protection commence pendant la grossesse (elle prévient l’infection du placenta et ses conséquences potentiellement sérieuses) et continue après la naissance grâce au transfert d’anticorps maternels. Ce transfert nécessite du temps, d’où une vaccination préférentielle au 2ème trimestre sans sérologie préalable… et même si celle-ci était positive.