Dispose-t-on de données d’immunogénicité, d’efficacité et de tolérance chez les adolescents ? Oui !!! Pour les 2 vaccins à ARNm. Pfizer-BioNTech (Comirnaty®) a réalisé une étude chez des adolescents de 12 à 15 ans. Cette étude vaccin versus placebo, comportant 2 260 adolescents, outre une bonne tolérance, n’a retrouvé aucun cas de COVID-19 chez les vaccinés vs 18 cas dans le groupe contrôle et l’EMA a octroyé une AMM conditionnelle mi-mai. Mi-Juillet L’EMA a accordé aussi une extension d’indication pour le vaccin Spikevax® (Moderna) aux adolescents âgés de 12 à 17 ans sur la base d’une étude publiée maintenant, portant sur 3 732 sujets : aucun des 2 163 enfants ayant reçu le vaccin n’a développé de COVID-19, contre 4 des 1 073 enfants ayant reçu le placébo. Les effets secondaires étaient similaires à ceux observés chez les personnes âgées de 18 ans et plus : la douleur et le gonflement au point d’injection, la fatigue, les maux de tête, les douleurs musculaires et articulaires, l’hypertrophie des ganglions lymphatiques, les frissons, les nausées, les vomissements et la fièvre. Ces effets étaient généralement considérés comme légers à modérés et s’amélioraient en quelques jours après la vaccination. Dans l’étude Spikevax® (le plus dosé des deux vaccins à ARNm), la réponse Ac a été comparable à celle observée chez les jeunes adultes de 18 à 25 ans. Par contre, dans l’étude Pfizer, l’immunogénicité s’est révélée 1,6 fois supérieure à celle des sujets de 16 à 25 ans, cette meilleure immunogénicité de l’adolescent étant déjà connue pour de nombreux vaccins (Hépatite B, Papillomavirus, Hépatite A), autorisant des schémas vaccinaux comportant moins de doses pour eux.
Faut-il vacciner les adolescents contre la COVID-19 ? Oui !! D’autant plus que le variant ∂ est devenu prédominant en France, que les adultes sont déjà bien vaccinés et que l’on a une évaluation plus complète de la sécurité des vaccins dans cette tranche d’âge. En effet, outre le bénéfice collectif attendu (les adolescents sont plus souvent infectés et plus souvent infectants que les enfants), un bénéfice individuel net est escompté ne concernant pas tant le risque de COVID grave ou prolongée (en France…) mais le retour à une vie et une scolarité la plus « normale » possible. Les adolescents développent moins de formes graves de la Covid-19 qui ont occasionné, d’après Santé Publique France, environ 2000 hospitalisations, 300 admissions en soins critiques et 130 PIMS. La majorité des formes sévères chez les adolescents est associée à la présence d’une comorbidité (entre 45 à 75% des cas selon les études). En revanche, les fermetures de classes ou d’établissements liées à la circulation du virus ont un impact particulier et important sur les adolescents. Le gouvernement français a ouvert la vaccination à tous les adolescents (à partir de 12 ans) à compter du 15 Juin. Cette mesure allait initialement au-delà de l’avis de la HAS, du comité d’éthique, des pédiatres et des infectiologues. En effet, la HAS recommandait de vacciner très rapidement les adolescents présentant une comorbidité ou vivant dans l’entourage de personnes immunodéprimées, puis de vacciner les adolescents en bonne santé dès lors que la vaccination de la population adulte sera suffisamment avancée. L’émergence du très contagieux variant ∂ et des données de pharmacovigilance dans cette tranche d’âge plus robustes (venant des États-Unis et d’Israël et comportant plusieurs millions d’adolescents) permettent aujourd’hui de mieux apprécier le rapport bénéfices/risques. L’ensemble des sociétés savantes pédiatriques a opté pour une position claire en faveur de la vaccination des adolescents prenant en compte le risque de myocardites-péricardites aiguës chez le garçon après la deuxième dose. Enfin, une étude en Israël montre que la vaccination des adolescents les protège dans les premiers mois à plus de 90% de l’infection à SARS-CoV-2 (toutes formes confondues) par le variant ∂ après 2 doses. Les dernières données d’incidence et d’hospitalisation de Santé Publique France montrent que pour la première fois d’octobre à décembre 2021, les courbes de l’enfant et de l’adolescents se dissocient avec moins de cas et d’hospitalisations chez l’adolescent (très majoritairement vacciné) que chez l’enfant (non immunisé). Enfin, une étude Française, montre que parmi la trentaine de cas de PIMS survenus ces derniers mois, aucun n’est survenu chez des adolescents ayant reçu 2 doses alors que la couverture vaccinale atteignait 73%.